13
Négociations et évasion

Tenace, Saül était de retour dans les environs de l’île renfermant la faille temporelle. Pour s’assurer un maximum de chances de réussite dans ses recherches du gardien, sans se le mettre à dos, le sorcier laissa la potion de Wandéline en lieu sûr. Cette tactique lui permettrait également de se rendre directement sur l’île sans déclencher la moindre réaction magique.

Il commença par sonder les environs à partir d’un îlot voisin. Comme lors de ses précédentes visites, il ne repéra pas la moindre forme de vie pensante dans un rayon de plusieurs kilomètres. Bientôt, il localisa des bancs de petits poissons, quelques groupuscules de mammifères divers, des dizaines de vertébrés aquatiques d’espèces différentes nageant seuls ou accompagnés, mais aucune « grosse » créature solitaire. Il était convaincu qu’il lui fallait trouver une bête de grande taille. Ulphydius n’avait pas pu laisser la protection de son secret entre les mains d’un être fragile, aussi puissant magiquement qu’il puisse être. Saül était bien placé pour savoir que la force physique pouvait être une alliée incontestable dans certaines situations, lui qui n’avait hérité d’aucune capacité en la matière. Il en ressentait d’ailleurs une intense frustration chaque fois qu’il y pensait.

Ne pouvant sonder deux éléments différents en même temps, le sorcier délaissa la portion aqueuse de son environnement pour se concentrer sur la terre. Bien qu’il n’ait pas vu d’abri naturel ou d’habitation fabriquée en visitant les îles environnantes, un indice pouvait lui avoir échappé. Il réalisa que c’était le cas quand il découvrit, quelques instants plus tard, une immense cavité naturelle directement sous la bande de terre renfermant la fêlure temporelle. Accessible uniquement par le biais de l’eau, l’endroit n’était cependant pas submergé. Afin de mieux sonder, Saül se transporta sur l’île elle-même. À peine posait-il les pieds sur ce qui était aujourd’hui un simple îlot rocheux que sa magie détecta une présence dans la grotte. Le sorcier fronça les sourcils. Ce qu’il percevait maintenant ne pouvait y être avant qu’il n’arrive puisque c’était beaucoup trop imposant pour passer inaperçu. Soudain, il comprit. La caverne communiquait avec la faille temporelle, permettant au gardien de se soustraire aux regards inquisiteurs et aux sondages magiques. Ingénieuse stratégie, Saül devait le reconnaître.

Maintenant qu’il avait repéré le gardien, il restait encore à le faire sortir de sa cachette, ce qui n’était pas une mince tâche. Le sorcier essaya divers sortilèges d’attraction. Sans résultat. Des formules diverses aux effets qui l’étaient tout autant ne firent pas davantage de miracle. Saül soupira profondément. Il n’avait jamais été très patient, mais il était encore moins bon nageur, donc pas question de plonger sous l’eau pour parvenir à ses fins. Il réalisa alors qu’il n’avait pas réessayé de pénétrer la faille temporelle. Bien qu’il n’ait pas la potion avec lui, il pouvait au moins aller voir ce qui l’attendait de l’autre côté. Un gardien de frontière est tenu d’intercepter en chair et en os toute créature tentant de franchir la barrière du temps et de l’espace. Personne ne pouvait utiliser ce genre de passage sans une excellente raison et celles qui trouvaient grâce aux yeux des gardiens étaient autant sinon plus rares que les gardiens eux-mêmes…

Les yeux clos, Saül se concentra sur son environnement, cherchant une anomalie dans ce qu’il percevait. À l’aveuglette, il se dirigea lentement vers la source de ce qu’il ressentait comme une altération. Après quelques dizaines de pas droit devant lui, il heurta un obstacle de taille. Le sorcier ouvrit brusquement les yeux pour se retrouver en face d’un homme-poisson.

Espèce relativement rare parce que peinant à se reproduire, les hommes et les femmes-poissons vivaient autrefois dans les immenses lacs intérieurs dispersés sur la Terre des Anciens. Ils avaient été envoyés sur Dual lors de la Grande Séparation. Même si certains les confondaient avec les sirènes et les tritons, ils s’en distinguaient pourtant de multiples façons. Si le buste des deux genres conservait une apparence humaine, les jambes des seconds ne disparaissaient pas au profit d’une longue queue, mais demeuraient bien en place, se couvrant d’écailles et se terminant par des pieds palmés au même titre que l’étaient les mains. Ils n’avaient pas non plus une tête humaine, mais plutôt un amalgame entre celle d’un requin et d’un poisson-chat…

— Qu’est-ce que tu veux ? s’enquit l’homme-poisson sans s’embarrasser de préambules.

— Où mène la faille temporelle dont tu es le gardien ?

— Nulle part dans le passé, si c’est ce qui t’amène. Cette frontière est différente des autres. C’est tout ce que je te dirai.

— Même sous la torture ? insinua Saül, qui ne goûtait pas du tout cette conversation.

Il détestait qu’une situation échappe ainsi à son contrôle. Et il n’avait pas été habitué à quêter des faveurs. Il commençait à s’énerver sérieusement quand l’autre éclata d’un rire aussi incongru que grotesque.

— Ulphydius a veillé à ce que personne ne puisse me contraindre à parler si je n’en avais pas envie alors tu perdrais ton temps à essayer.

Les doigts du sorcier le démangeaient de vérifier magiquement la véracité de ces dires, mais il s’abstint, pressentant la catastrophe. Pour une rare fois dans sa vie, Saül s’obligea à demander :

— Qu’est-ce qu’il me faudrait t’offrir pour gagner le droit de me servir de cette faille ?

— Une compagne de mon espèce, qui, comme tu le sais sûrement, ne vit que sur Dual. Si tu réussis cet exploit, je te laisserai utiliser la fêlure sans restriction et tu pourras même tenter ta chance avec la potion…, conclut l’homme-poisson.

La réponse étonna tellement Saül qu’il en resta sans voix un bref instant.

— Soit, maugréa-t-il. Je serai de retour dans moins d’une semaine avec ce que tu me demandes. Tache d’être au rendez-vous !

Moins d’une minute plus tard, l’île était de nouveau déserte.

 

* *

*

 

Quand Wandéline eut glané toutes les informations disponibles, elle disparut purement et simplement de sa geôle sous le regard ébahi de ses compagnons de cellule. Bien que les cachots aient été magiquement protégés pour éviter ce genre d’évasion, Saül n’avait certainement pas prévu y enfermer une sorcière de la trempe de Wandéline, qui comprit sans peine comment fausser compagnie aux hommes-loups.

Bien qu’elle ait été déchue de son statut de Fille de Lune depuis longtemps déjà, Wandéline en avait tout de même conservé bien des privilèges. En fait, ce qu’on lui avait réellement retiré, c’est le droit d’accomplir certaines choses et d’utiliser certains pouvoirs, mais comme aucune Fille de Lune depuis Maxandre n’avait plus la capacité de faire respecter les restrictions imposées, elle eût été bien sotte de s’y conformer. Elle utilisa donc ses dons pour apparaître dans la cité même de Farmylle.

Bien qu’elle soit difficilement impressionnable, ce que la sorcière y découvrit la glaça jusqu’aux os. Partout, des corps en décomposition jonchaient le sol, se mêlant aux détritus de toutes sortes. L’air empestait et Wandéline n’eut d’autre choix que d’arracher un bout de tissu de sa longue robe pour s’en couvrir le nez. La sorcière mit un moment avant de réaliser que ce n’était pas seulement des dépouilles d’elfes, de nymphes ou de fées qui s’amoncelaient en tas malodorants, mais aussi une incroyable quantité d’hybrides. Et pas que des lamies, des harpies ou des gorgones. Il y avait de nombreuses autres races. Ce qui fit dire à la sorcière que les premières avaient eu besoin de renfort. Beaucoup de renfort.

Les rues pavées étaient désertes, les échoppes aux affiches branlantes avaient été dévalisées, des animaux hagards erraient dans la ville à la recherche de nourriture. Ici et là, de la fumée s’élevait de bâtiments achevant de se consumer. Le silence de mort, qui engluait le moindre espace, aurait rendu n’importe qui fou en quelques heures à peine. D’un pas vif, Wandéline se dirigea vers le centre de la ville, pressée de trouver ce qu’elle était venue chercher, mais surtout de repartir. Elle n’avait aucune envie de s’éterniser dans cet environnement macabre.

Peu importait où l’on se trouvait dans Farmylle, on pouvait voir la bibliothèque qui en occupait le centre. Par contre, bien que la sorcière ait été capable de pénétrer magiquement dans la cité, il était impossible de faire de même pour s’y déplacer. Pour atteindre son but, elle devait effectuer le trajet à pied, ce qui l’obligea à plus d’une heure de marche, sous un soleil de plomb.

Au détour d’une boulangerie en ruine, Wandéline s’arrêta net et tendit l’oreille. Des éclats de voix lui parvenaient, presque agressants après ce long silence troublé uniquement par quelques rats se disputant un quignon de pain rassis.

— Cet édifice reste impénétrable malgré tous nos efforts, Mirna. Pourquoi n’y mettons-nous pas le feu comme pour tous les autres qui ont résisté ? Nous en aurions terminé depuis des jours et…

— Tu es vraiment la pire des idiotes, Valence ! Je me tue à te répéter que le maître veut cette bibliothèque intacte. À n’importe quel prix. Je n’ose même pas imaginer ce qu’il adviendrait de mon peuple si je ne respectais pas cette consigne.

— Et moi, je refuse de continuer à voir mourir mes compagnes sous prétexte que le sorcier sans visage a besoin de cette forteresse intacte. Au train où vont les choses, nous n’aurons bientôt plus personne pour tenir tête à la poignée d’elfes qui gardent les lieux. Si nous parvenons à vaincre, je me demande s’il restera encore des lamies en vie pour habiter le territoire promis par les gorgones en échange de notre aide. Nous ne cessons de demander des renforts depuis notre arrivée et ceux-ci arrivent au compte-gouttes.

Cet échange permit à Wandéline d’identifier les interlocutrices. Mi-femmes, mi-serpents, les lamies étaient incroyablement laides. Elles avaient de longs cheveux gris sale, constamment emmêlés, un visage aux rides persistantes, des seins tombants et une longue queue couverte d’écailles vertes partant de la taille et se terminant par une pointe acérée, d’où gouttait en permanence un venin particulièrement efficace. Elles n’étaient appréciées de personne et leur alliance avec les harpies et les gorgones laissait Wandéline perplexe. Leur cruauté légendaire faisait même fuir les autres hybrides, pourtant habitués à la violence.

La sorcière tenta un repérage magique du nombre de créatures dans les environs. Étrangement, au terme de quatre tentatives, elle peinait toujours à obtenir un décompte exact. Les elfes avaient veillé à ce que de puissantes interférences empêchent quiconque d’utiliser la magie à Farmylle en dehors des membres de leur propre peuple. Une excellente façon de conserver l’avantage sur l’ennemi.

— Elles sont moins d’une centaine de créatures dispersées autour de la bibliothèque, murmura Wandéline. Les gorgones sont les plus nombreuses, et aussi les plus dangereuses. Les lamies sont à peine une douzaine. Une trentaine de harpies sont perchées sur le toit. Comment entrer sans attirer l’attention des unes ou des autres ?

Wandéline se réfugia dans une maison située à quelques mètres d’elle. Elle allait s’y cacher jusqu’au coucher du soleil, afin de réfléchir. Les lamies et les gorgones étaient dépourvues de la vision nocturne très développée des harpies. Ces dernières pouvaient fondre sur leur proie aussi aisément de nuit que de jour. Mais même si la sorcière trouvait le moyen de traverser la grande place pour atteindre les portes de la bibliothèque, elle ne pouvait être sûre d’entrer. Comment faire savoir aux assiégés qu’elle ne venait pas en ennemie ? Elle se creusait encore les méninges quand la lune se leva sur la cité ; elle n’avait pas trouvé l’ombre d’une solution à son problème.

Tout au long de l’après-midi, Wandéline avait vu défiler les renforts de lamies tant espérés, puis capté les vociférations de celles déjà sur place en constatant que les nouvelles arrivantes n’étaient guère qu’une trentaine, la plupart déjà blessées. Elle avait aussi entendu une querelle entre les gorgones et les harpies, les premières reprochant aux secondes de se tenir à l’abri des combats sur leur perchoir puisque les elfes ne pouvaient les voir. Wandéline se dit que c’était bien mal connaître le peuple résident que de penser ainsi, puisque les elfes étaient capables de repérer toute vie pensante dans un rayon de plusieurs kilomètres. La sorcière percevait aussi une abondance d’énergie négative dans l’air, résultat de la lassitude des envahisseurs et de leur exaspération face à leur échec. La situation risquait de tourner au vinaigre à tout moment, ce qui se produisit moins d’une heure après la disparition de l’astre solaire.

Soudain, des lueurs rougeâtres jaillirent dans l’opacité de la nuit. Un groupe de lamies portant des torches enflammées progressait vers la bibliothèque. À l’étage de son refuge, Wandéline vit des gorgones s’opposer à un autre groupe de lamies. Il fallut moins de cinq minutes pour que la situation dégénère. Les gorgones, dont le regard peut pétrifier quand elles le souhaitent, décidèrent que l’alliance avait suffisamment duré et figèrent pour l’éternité la moitié des lamies présentes. Celles qui évitèrent la première attaque ripostèrent par une pluie de coups de queue mortels. Bientôt, les deux races eurent massacré toutes leurs combattantes, ne laissant que les harpies, qui, après un bref conciliabule, disparurent dans la nuit, conscientes qu’elles n’arriveraient à rien sans aide extérieure. Wandéline ne cria pas victoire pour autant, consciente que les elfes, même s’ils consentaient à sortir de la bibliothèque, ne seraient sûrement pas enclins à lui tendre la main. La sorcière décida de se rendre sur place, où elle aviserait. Avant même qu’elle puisse faire un pas, elle fut enveloppée d’une douce lumière argentée.

— Maintenant que toutes les autres sont parties, on m’a facilement repérée, murmura Wandéline, contrainte à l’immobilité.

Elle n’eut pas à attendre bien longtemps tandis que la bulle lumineuse dans laquelle elle était retenue prisonnière se déplaçait, par la voie des airs, vers l’édifice tant convoité. Une fois sur le parvis, la bulle disparut, laissant la sorcière flotter à quelques dizaines de centimètres du sol, toujours incapable du moindre geste et dans l’incertitude quant au sort qu’on lui réservait. Enfin, l’une des deux portes s’ouvrit, cédant le passage à trois elfes d’âge respectable. Les anciens s’approchèrent, escortés d’un escadron de fées lumineuses.

— Que nous veux-tu, sorcière ? s’enquit l’elfe à la barbe la plus longue.

— Consulter la copie d’un grimoire qui fut détruit il y a une dizaine d’années.

Les trois vieillards échangèrent des regards interloqués. Après des mois à subir le siège ennemi, cette demande n’avait pour eux aucun sens.

— C’est tout ? Vraiment ? s’enquit un second elfe aux oreilles démesurément longues, dépassant même le sommet de sa tête.

— Je vous jure que c’est tout, assura Wandéline, s’efforçant au calme.

— Je sens chez elle un troublant accent de sincérité, mentionna le troisième elfe. Cette sorcière dit la vérité…

— Mais bien sûr que je dis la vérité ! s’exclama-t-elle. De toute façon, vous n’avez rien à craindre de moi. Vous êtes parfaitement capables de m’empêcher de faire usage de magie le temps que je suis dans votre précieuse bibliothèque.

Les trois elfes se consultèrent à voix basse et donnèrent finalement leur accord à la sorcière.

— À une condition toutefois, précisa le premier. Nous voulons des nouvelles de l’extérieur.

 

* *

*

 

Dès l’aube, Wandéline put quitter les lieux, nantie de sa précieuse formule. Celle-ci avait été recopiée avec application par une jeune elfe pendant que la sorcière parlait de son bref mais instructif séjour dans les cachots. Elle laissait derrière elle des elfes désespérés par l’ampleur de la tâche qui les attendait. Ils entretenaient peu d’illusions quant à leurs chances de terrasser l’envahisseur.

Wandéline s’arrêta un moment sur le parvis pour prélever une quarantaine de serpents sur les têtes des gorgones mortes au combat. Elle trancha le corps des reptiles à la base du crâne et les fourra dans un sac de lin trouvé sur place, puis elle gagna magiquement le passage entre Elfré et la Terre des Anciens. Elle se volatilisa à la barbe des hommes-loups qui gardaient la place. Aucun d’eux ne put la retenir…

 

Quête d'éternité
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